dessine moi un mouton

Publié le par Lola

   

Parfois, le matin, certains prient. Moi j’ouvre les yeux et encore dans un semi sommeil, j’espère qu’il y a du soleil, ou j’espère que je vais avoir un fou rire dans la journée, ou ne pas croiser sur mon chemin, ces casseurs de rêves et de magie, détenteur du monopole de la violence rationaliste ou encore d’une saloperie de vérité prête à bondir pour te casser le moral, et qu’ils croient bien évidemment, détenir à eux tout seul (les cons !) et avec raison (les re-cons).

Vous savez, y’a ceux qui détiennent une vérité accrochée comme une cloche au cou de leur certitude, parfois, cela me prend comme une envie de faire l’amour, de brouter avec eux. Ils me font fantasmer. Quand je dis fantasmer, ce n’est pas un fantasme tout petit, minuscule à deux copecks trois sous, (Quoi ? M’accuser d’un pareil ridicule ?) C’est carrément le grand huit ! Puis tous, hein ! Les savants, les chercheurs, les hommes remplis de savoir (quand je dis rempli, c’est quand même jaugé, environ aux 2/3 pour laisser une place à moi-même)…Mais il faut quand même au moins, qu’ils aient une réponse à me donner si je leur demande l’emploi du temps de Rimbaud le 10 Août 1873 au matin : bon, Bien sur ! C’est le minimum syndical. Ensuite je suis prise de rêveries oniriques, j’imagine faire l’amour dans un amphithéâtre servant de bibliothèque, parmi les livres, en ayant peur d’être surprise, avec un professeur agrégé de Lettre moderne, qui n’est jamais descendu de son nuage tellement il est loin des réalités du XXIème siècle, mais qui ressemble à un apollon grec et qui est d’une divine galanterie…Enfin…La Sorbonne, vous comprendrez synthétiquement : vraiment, quel pied ! Bon, vous concevrez également, qu’à une juste échelle, le récit puisse être ni fictif ni réel, d’ailleurs il ne vous viendrait même pas à l’esprit de venir critiquer les anachronismes dans un récit de science fiction, alors : laissons donc ma Sorbonne ou elle est.

Vous savez, j’aime le savoir parce qu’il me manque, il y a des chances que je courre toujours après comme derrière un furet inattrapable ! mais il n’y a pas que le savoir. Il y a aussi le non savoir…C’est tout contenu dans le fait de considérer que parfois ce qu’on raconte n’a pas forcément une valeur objective de vérité. Il suffit d’entendre et de feindre tout les deux d’en être dupe, que certaines des réalités sont subjectives, que parfois on se ment à soi-même, sans forcément y croire mais un peu quand même!

Ah ! Cher contradicteur, (J’adore qu’on me contrarie, surtout avec délicatesse !) vous avez su argumenter contre la fichu naïveté qui m’a servi d’appât. (Je sais pas si vous avez remarqué, cela…En tant que femme, plus vous avez l’air crétine, la jolie idiote qui s’ignore, qui se promène avec sa lime à ongle, et plus vous attirez les hommes. Il suffit que vous commenciez à parler politique avec conviction, ou d’être boulimique de savoir et le montrer et y’a plus personne.) Moi, j’aime les contradicteurs. Je leur voue une estime entière et authentique.

Pourtant, parfois, j’ai envie de dire : « Aujourd’hui, Monsieur, s’il te plait, laisse moi rêver ». Laisse moi dessiner mon rêve, laisse moi écrire mes histoires sans me dire que ce que je raconte n’est pas « la vrai de vrai de réalité », sans me dire que ce sont des inventions, des poncifs, des mysticismes tout droit importés de mon imaginaire au mieux, de l’inconscient collectif au pire…(Oui, parce qu’on se sent toujours tout seul et drôlement con, de s’apercevoir que ce qu’on pense, tout le monde entier le pense et qu’en plus, tout le monde se trompe.)

Alors si un jour ça me prends, comme ça, et que je dis : « eh ! Dis, Dessine moi un mouton ». Si vous me dessinez un mouton, (au lieu de me répondre, presque maladroitement, sans emphase, en en rajoutant (en plus !) avec une quasi fausse délicatesse [masquant la culpabilité qui vous assaille de me le faire savoir] « ton mouton, il n’existe pas !!!»], je vous épouse. Mais juste si vous me le dessinez. Au moins, vous n’avez pas marché sur mon château de sable tout en me disant : « Je ne veux pas te blesser mais, c’est pour ton bien : C’était pas un palace, ton château : c’était un pâté de sable »…

J'imagine une sorte de rire sarcastique de sale gosse désillusionné d’avoir cru au père Noël (ou à la Sorbonne), et qui dis : « Eh, moi je sais ! Ce que vous ne savez pas, et je vais vous le dire ! »…Se délivrant alors de son propre mal en clamant sa nouvelle vérité...D'abors, je vous remercierais, de votre délicatesse, à tenter de me faire voir un monde autrement, si celui que vous me proposez est plus beau que le mien, puis je vous dirais sur le même ton courtois que celui que vous avez employé : « je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de gens qui sont dupes des histoires qu’ils se racontent eux même ». L’important c’est surtout la fonction cathartique que prends un texte au moment où il est écrit, ou comment les émotions réelles peuvent être partagées dans le scribe d’une histoire absolument fictive. Je dirais, que le récit ne se réduit pas à l’univers de sa signification, mais qu’il y a derrière les hésitations, les ratures, ce qui est lié, délié, corrigé, effacé, redis, jeté, acéré, gribouillé, réécrit, il y a, en point de suspensions le regard de l’autre. Celui qui lit (comme tout Autre !) est potentiellement juge. Et bien sur, je préféra au jugement une neutralité. Celle d'un lecteur, qui malgré son esprit de contradiction sur la vérité des faits, a envie d’attraper cette toute petite bulle incontrôlée qui s’échappe du récit, et qui appartient en propre à l’auteur impudique. Elle vient parler de lui, en filigrane de ses écrits qu'ils soient vrai ou non. C’est là que vous pouvez choper l’authenticité.

Publié dans Texte

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R
<br /> <br /> <br /> On va dire que c'est un mouton .<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Vous avez dit Bizarre?<br /> <br /> <br /> <br />